Sept ans de prison pour rien : Marc Machin obtient 663.320 euros de réparation
Par Le Figaro, Publié le 04
VIDÉO – La justice française a reconnu le préjudice moral et matériel pour les 2.126 jours que Marc machin a passé derrière les barreaux pour un meurtre qu’il n’a pas commis mais ne lui a pas accordé la somme réclamée.
2126 jours derrière les barreaux pour rien. Marc Machin, victime d’une erreur judiciaire dans le double-meurtre du Pont de Neuilly, a été libéré il y a six ans. Il réclamait donc près de 1000€ d’indemnisation pour chaque journée passée en détention, soit deux millions d’euros au total. La cour d’appel de Paris a reconnu vendredi le préjudice moral et matériel mais ne lui a accordé que 663.320 euros. Dans le détail, la justice a octroyé 600.000 euros au titre du préjudice moral et 63.320 euros au titre du préjudice matériel. C’est l’une des plus fortes indemnisations jamais accordées par la justice en France pour une erreur judiciaire, la plus importante restant les 800.000 euros accordés à Loïc Sécher. L’agent judiciaire de l’Etat avait, lui, proposé une indemnisation de 150.000 euros.
«C’est une somme qui mérite une véritable réflexion, dans la mesure où nous avions demandé deux millions d’euros», a déclaré Me Louis Balling, conseil de Marc Machin, qui dispose de dix jours pour introduire un recours éventuel devant la Commission nationale de réparation des détentions. «On sait que l’argent ne remplace pas tout ce temps perdu, toute cette privation de liberté qui en découle. Pour autant, je crois que la cour a véritablement entendu Marc dans sa souffrance», a ajouté l’avocat. Outre Marc Machin, la cour a alloué 38.000 euros de dommages et intérêts à son père, qui se prénomme aussi Marc, ainsi que 20.000 euros chacun à son frère et sa soeur.
Marc Machin avait été arrêté après la découverte du corps de Marie-Agnès Bedot le 1er décembre 2001 au pont de Neuilly. Après avoir avoué le meurtre durant sa garde à vue, celui qui était à l’époque à peine majeur s’était finalement rétracté et avait depuis toujours nié les faits. Il avait pourtant été condamné en 2004 à 18 ans de réclusion criminelle par la cour d’assises des Hauts-de-Seine, peine qui avait été confirmée en 2005 en appel et assortie de 12 ans de sûreté par la Cour d’assises des Yvelines.
Ce n’est que quand David Sagno, se présentant comme l’auteur du meurtre, s’est de lui même livré à la police dans la nuit du 3 au 4 mars 2008 que le sort de Marc Machin a pu être revu. L’ouverture d’une nouvelle instruction à Nanterre avait permis de découvrir une autre empreinte génétique de David Sagno sous un ongle de la victime. Et d’annuler la condamnation de Marc Machin par la Cour de révision.