Procès en révision de Marc Machin : la fin d’une affaire “hors norme”
Par France Info, Publié le 02
Le huitième procès en révision de l’histoire criminelle de France s’ouvre ce lundi. Marc Machin, accusé du meurtre de Marie-Agnès Bedot en 2001 au pont de Neuilly, avait été condamné en première instance puis en appel à 18 ans de réclusion avant qu’un homme se dénonce en mars 2008. Cet homme, David Sagno, a finalement été condamné en février dernier à 30 ans de réclusion.
C’est le procès d’une erreur judiciaire, le procès d’un homme que la police et la justice ont désigné comme coupable et qui aura passé presque sept ans en prison pour un crime qu’il n’a pas commis. Marc Machin, 19 ans au moment du meurtre, un casier judiciaire qui comporte plusieurs agressions sexuelles, un jeune à la dérive.
Les enquêteurs du 36 quai des orfèvres, la fameuse brigade criminelle, se fondent sur un témoignage pour forger leur conviction : celui d’une infirmière qui emprunte le pont de Neuilly à l’heure où Marie-Agnès Bedot, 45 ans, mère de trois enfants, est tuée le 1er décembre 2001. Elle a croisé un homme qui l’aborde poliment avant de lui faire une proposition à caractère sexuel. Les policiers remontent jusqu’à Marc Machin que l’infirmière reconnaît de façon dira-t-elle “quasi certaine”.
Des aveux “sous la pression”
Après son interpellation, Marc Machin nie, avance un alibi bancal, et quelques heures avant la fin de sa garde à vue, il craque et avoue, “sous la pression”, expliquera-t-il plus tard à Jean-Claude Mulès, dit la Mule ou le Maitre, spécialiste des aveux à la crim’. Des aveux “extorqués” dit l’avocat de Marc Machin, que ne viennent étayer aucune preuve matérielle.
Ce procès sera donc aussi celui d’une implacable machine à broyer judiciaire qui s’est mise en branle, même si les protagonistes s’en défendront certainement, comme l’avait d’ailleurs fait Jean-Claude Mulès lors de sa déposition en février dernier au procès de David Sagno, le véritable meurtrier de Marie Agnès Bedot..
Des questions subsistent
Outre le procès de l’erreur judiciaire, c’est aussi celui de la réhabilitation pour Marc Machin. Il a 30 ans aujourd’hui, est en liberté conditionnelle depuis septembre après une nouvelle affaire d’agression sexuelle, et vit avec le RSA. Ce qu’il attend aujourd’hui de ce procès, raconte son avocat Louis Balling, c’est d’être enfin lavé de tout soupçon et acquitté.
Beaucoup de douleurs vont s’entremêler tout à l’heure aux assises de Paris. Celle des proches de la victime, qui vont une ultime fois entendre le récit de la mort de Marie-Agnès Bedot. Et bien sûr celle de Marc Machin, une vie déjà chaotique avant cette erreur judiciaire hors norme dont il va on l’imagine, avoir du mal à tourner la page.